Observations sur le point de depart de l’annee au moyen-age en Auvergne et dans le Velay par Godefroy Garmallon

Tlré de « Les Nouvelles du Havre », janvier 1998.

Extralt avec numérlsateur et reconnalssance de texte.

Observations sur le point de depart de l’annee au moyen-age en Auvergne et dans le Velay.

par Godefroy Garmallon

Les Benedictins enseignent qu’en France, dès le temps de Charlemagne, l’usage était de commencer l’année à Noel et que cet usage s’y maintint presque universellement pendant le lX siecle (1). Faute de chartes remontant a cette epoque reculee, cette coutume, pour notre region, ne peut etre directement prouvee, mais elle a laisse des vestiges qui temoignent indirectement de son existence. C’est ainsi que dans le manuscrit intitule La Canone, compile en 1291 et conserve au secretariat de l’eveche de Clermont, est un martyrologe-necrologe, bien complet, de la cathedrale de Clermont, lequel commence au lX des kalendes de janvier, 24 decembre, veille de la Noel. Cette copie a ete evidemment faite sur un original plus ancien, compose a une epoque OU la Noel etait le premler jour de l’annee. En outre, plusieurs chartes du cartulaire de Chamalieres, datees des regnes d’Hugues-Capet, de Robert et de Phillppe 1°, indlquent in kalendas comme terme d’echeance de prestations ou redevances en grains (2). Kalendae, dans le calendrier romain, designe, comme on sait, le premier jour du mois. Mais, en y regardant, de pres, on voit que, dans les chartes de Chamalieres, ce mot a ete detoume de sa signification primitive et normale pour etre, par assimilation, applique a la Noel, en tant que premier jour de l’annee. En effet, la Noel, dans nos campagnes, est encore aujourd’hui, pour les cultivateurs, une des principales echeances de paiements, et les paysans de la Haute-Loire ne designent cette fete que par le nom patois: Chalindes ou Charindes.

A une epoque qu’il n’est, pas possible de determiner avec certitude, peut-etre au XII siecle (car des chartes du XIII siecle prouvent deja son existence dans le Velay) l’usage s’introduisit et subsista dans le Velay et en Auvergne jusqu’au regne de Charles lX, de commencer l’annee au 25 mars, jour de l’Annonciation.

Pour le Velay, cet usage est constate formellement par le chroniqueur du Puy, Etienne Merlicis, qui s’exprime ainsi : « Pour narrer ce que est digne d »estre enregistre et narre de la preseut annee MDXLV commencant, en retenant mon stille, a la feste de l’Annunciation de la benoiste Vierge Marie, XXV jour du mois de mars, out l’an se change, et finissant a icelluy jour l’an revolu et complect, etc.  » (3). Pour l’Auvergne, le meme usage est etabli, en termes non moins explicites, par une note marginale tracee, en 1478, sur son protocole, par Henri de Lestang (de Stagno), notaire de Saint-llpize, pres Lavoute-Chilhac

NOTA. – Mercuri, xxv mensis Marcii, fuit festurn Amnunciationis dominice, et fuit inceptum, scribere pro data in patria Arvemie anno Domini M lII septuagesimo octavo; et anno illo Domini M°III LXXVIII fuit Pasca Domini die XXII mensis Marcii, et anno illo non fuerum nisi quatuor dies de sponsalibus (4).

Cet usage de donner, dans Ie Velayet l’Auvergne, Ie 25 mars comme point de depart a l’annee, dura jusqu’a l’edit de Charles IX, du mois de janvier 1563 (vieux style), dont l’art. 39 prescrivit de dater les actes publics et particuliers en commencant l’annee au 1er janvier: ce qui fut confirme Ie 4 aout suivant par la declaration de ce prince, donnee a Roussillon en Dauphine.

(1) Art de verifier les dates, 3° edit., 1783.

(2) Chartes 35, 36, 45, 46, 47, 232, de l’edit. donnee par M. l’abbe Fraisse.

(3) Chroniques, t. I, p. 394.

(4) ArchivesNationales, ZZ 359, Page 150

d’apres Augustin CHASSAING in Calendrier del’Eglisedu Puy en Velay au Moyen-Age. 1882