Histoire des Chevaliers par Catherine Seres

Tiré de « Les nouvelles du Vieux-Bourg » no. 3, mars 2001.

Extrait avec numérisateur et reconnaissance de texte.

Histoire des Chevaliers,

Par Catherine Seres

(tire d’un texte de Gerard Bourgue, revue Actualite de L’Histoire, mars 1994).

Depuis l’Antiquite jusqu’a nos jours, Ie titre de chevalier, qui trouva son epanouissement au Moyen Age, n’a pas varie dans sa signification profonde. Avant que d’etre un ordre, la chevalerie fut un etat d’esprit.

A Sparte, les chevaliers faisaient partie d’un corps d’elite institue pour la garde des rois; mais les chevaliers ne combattaient pas a cheval. lis etaient divises en six compagnies de cinquante hommes chacune.

En Crete, les chevaliers-qui combattaient a cheval- etaient aussi couverts d’honneur.

À Athènes, les chevaliers etaient des hommes de guerre choisis parmi les plus riches citoyens. lIs formaient un corps priviIegie. II fallait , pour y .etre admis, avoir d’importants revenus et etre en etat de nourrir un cheval de guei-re.

A Rome, les chevaliers- equides, a cause de leurs chevaux (equi), ou milites daroU, a cause de leurs eperons dores – formaient Ie second ordre des citoyens. On attribue leur origine aux celeres institues par Romulus pour sa garde personnelle. On ignore precisement a queUe epoque ils commencerent a former un ordre priviIegie de citoyens, intermediaire entre patriciens et plebeiens. Lorsque la republique fut etablie, les chevaliers, dont Ie nombre n’etaient pas limite, etaient choisis indifferemment chez les patriciens ou les plebeiens. Mais les conditions d’admission evoluerent. Sous les empereurs, nul ne pouvait etre chevalier s’il ne possedait pas une fortune de 400 000 sesterces.

Le cavalier

Le mot vient du latin cabal/us, employe pour designer un cheval de peu de prix. Le terme a donne cabal/arius en bas latin puis avalarius. Le cavalier etait un homme a cheval, qu’it soit arme ou non. Mais la plupart des cavaliers etant des nobles, la confusion se fit entre cavalier et chevalier.

En France, Ie titre de chevalier etait Ie premier degre d’honneur de I’ancienne milice; il etait confere a ceux qui s’etaient distingues par des actions d’eclat. Puis la noblesse ne voulant combattre qu’a cheval, elle se reserva Ie privilege exclusif de la chevalerie.

A partir du Moyen Age, pour etre chevalier, il faUait etre noble, mais pour etre noble, il n’etait pas necessaire d’etre chevalier. Toutefois, des roturiers pouvaient etre armes chevaliers pour actes de bravoure, mais uniquement par Ie roi.

Selon Charles Nodier, la plupart des noms qui designent les castes nobles ont ete empruntees au nom cheval. Ecuyer vient d’ equus, nom latin du cheval, marquis vient de march, nom celte du cheval, marechal et connetable viennent de comes stabuli, maitre d’ecurie …

Senechal, a I’origine, signifiait vieux chevalier – quasi senex eques .

Adouber un chevalier etait en fait l’adopter, puisqu’il etait repute fils de celui qui Ie faisait chevalier. Le fait d’armer un chevalier s’accompagnait de diverses ceremonies, dont les principales etaient Ie soujjlet, I’accolade et d’un coup de plat d’epee sur /’epaule. Puis on Ie ceignait du baudrier et de l’epee doree, on I’ornait de tout son attirail militaire avant de Ie mener en grande pompe a I’eglise. Pour armer un chevalier, it fallait etre soi-meme chevalier.

II y eu des chevaliers de robe aussi bien que d’epee, et meme des chevaliers ecclesiastiques. Lorsque Ie fils ame d’un seigneur etait fait chevalier, ses vassaux lui payaient un droit, Ie droit d’aide-cheval.

La dignite de chevalier fut, en France, a une epoque, la plus haute a laquelle un homme de guerre pouvait pretendre. Seuls les chevaliers etaient designes comme Messires au Monseigneur.

Cette dignite de chevalier etait si haute que Ie roi lui-meme s’en faisait honneur. Les chevaliers mangeaient a sa table, privilege que n’avaient pas ses fils, freres ou neveux, s’ils n’avaient pas ete eux aussi reçus chevaliers. II fallait, pour Ie devenir, etre noble de pere et de mere au moins depuis trois generations. Le chevalier devait avoir la reputation d’un homme incapable de commettre un crime ou une lâchete.

A suivre .1’initiation d’un chevalier, la condition de chevalier et Ie devoir d’hospitalite.

LES EPEES DE LEGENDES

L’epee, remise au chevalier lors de son adoubement, etait Ie symbole de son rang, son bien Ie plus precieux, celui dont il ne se separait jamais, meme dans Ie tombeau. Les gisants des chevaliers les representent tenant leurs epees comme des crucifix. Instrument de force et de mort, l’epee etait aussi objet de piete. .. Lors des ceremonies d’adoubement, n’etait-t-elle pas, en meme temps que celui qui la porterait, solennellement benie et baptisee, apres avoir ete offerte par des rois, des papes, des eveques, ou des pairs, compagnons d’armes ?

Outre Excalibur, deja citee, embleme de la legende arthurienne, il y a d’autres epees celebres, notamment dans la Chanson de Roland et la Geste de Charlemagne.

Ainsi Joyeuse, l’epee de l’Empereur a la Barbe fleurie ( quietait rasee, en vrai guerrier franc), dont l’ec1at etait tel qu’elle aveuglait ses ennemis, et dont Ie possesseur ne pouvait etre empoisonne … Elle aurait contenu, dans son pommeau, un morceau de la sainte lance, celle qui avait percee Ie flanc du Christ agonisant sur sa croix.

Ainsi Durandal, l’arme du fougueux Roland qui, lorsqu’il sentit la mort venir, voulut, afm qu’elle ne tombe pas aux mains des Sarrasins, la briser contre un rocher; mais ce fut Ie rocher qui se ftacassa.

Ainsi Hauteclaire, l’epee d’Olivier, compagnon du precedent ( et personnage imaginaire, sans realite historique), qui aurait appartenu a un empereur romain.

LES DRAGONS

Ce sont des forces ambivalentes, crachant Ie feu souffle divin ou les flammes des enfers, vieilles terreurs d’especes antediluviennes enfouies au fond des memoires genetiques. Le dragon se manifeste comme gardien des secrets les plus fermes aux hommes, tels ceux de la vie et de la mort. II defend les acces des richesses de la Connaissance au vulgaire. Seuls les inities peuvent Ie vaincre. L’hermetisme chretien et musulman fait reference a un affrontement de deux dragons – soufre et mercure – qui se neutralisent. Le dragon aile symbolise Ie volatil, Ie dragon sans aile Ie fixe.

On retrouve Ie dragon dans les mythologies grecque, nordique, babylonienne et hebra’ique. Chez les indo-europeens, les dragons sont assimiles aux grandes forces essentielles ajoutees au feu, exprimant la violence de ces forces lorsqu’elles sont incontrolees : courants telluriques ou cosmiques. Tuer Ie dragon est evidemment radical mais pas forcement benefique. L’apprivoiser releve d’une initiation reflechiequi permet d’utiliser les forces maitrisees au lieu de s’en priver.

En Extreme-Orient Ie dragon represente les pouvoirs favorables de la nature. II est Ie symbole de l’empereur. Le culte du dragon est present dans les retes, notamment celIe du nouvel an. Son passage dans les rues les debarrassent des esprits malfaisants. En France, il est represente dans les camavals souvent dompte par sainte Marguerite ou sainte Marthe; sans doute une resurgence des vieux rites de fertilite gaulois. Dans les legendes germaniques, il est Ie gardien des tresors de la Connaissance, et sa mise a mort est une epreuve initiatique. Sur la plupart des gravures, saint Georges ou saint Michel « tuent » Ie dragon; mais a y regarder de plus pres, ils tiennent leur lance dans la ueule du dragon afin d’y puiser sa force.

Texte de Felix de Croagne, Revue Actualite de l’histoire mysterieuse, mars 1994