La religion celte par un auteur inconnu
1) CULTES NATURISTES ET RITUELS FUNERAIRES DES CELTES
Peuple guerrier de l’Irlande et du centre de l’Europe (France, Espagne, Allemagne, Autriche, Suisse, etc.), les Celtes pratiquaient ce que l’on appelle communément les « cultes naturistes ». Dans cette aristocratie guerrière basée sur le clan et la tribu, les cultes étaient dédiés au ciel, aux astres. à la terre, aux collines, aux montagnes, aux forêts, aux clairières voir même, à certains arbres, aux rivières, aux lacs, à la mer et à certains animaux symboles de force. Selon la croyance animiste fort répandue chez ces sociétés d’origine indo-européenne (Celtes, Gaulois, Bretons, Francs, etc.), plusieurs de ces lieux étaient considérés comme une personnification des esprits des ancêtres disparus.
Les Celtes étaient reconnus, en outre, pour leurs rituels funéraires car ils avaient l’habitude d’enterrer leurs chefs guerriers ou princes avec ses armes (surtout des épées que l’on a au préalable tordues), son char, son cheval, ses vêtements, sa vaisselle en bronze, ses bijoux en or et son service à boisson, etc. Autour de la tombe du prince, on retrouvait aussi dans bien des cas, un certain nombre de tombes secondaires réservées à la famille ou aux proches du défunt. Le rituel funéraire comprenait dans l’ordre: 1) un chant funèbre, 2) des jeux funèbres (parfois), 3) l’inhumation proprement dite, 4) l’érection d’une stèle sur la tombe et 5) la gravure du nom du défunt sur la stèle.
D’autres rituels celtes sont ici dignes de mention; 1) le « Culte du Héros » où, afin de recueillir les oracles (questions que l’on posait aux Dieux), on passait des nuits entières auprès des tombes de ses ancêtres ou héros morts; 2) les « rites liés aux étapes de la vie » permettant et soulignant l’intégration des individus à un groupe tel la famille, un groupe d’âge, l’appartenance aux ancêtres, etc. 3) les « cultes domestiques » dans lequel la maison est considérée comme un sanctuaire et où la consommation de viande n’est possible qu’au travers d’un rituel (valable aussi pour les festins; 5) les « cultes liés à la nature » qui sont en fait des rituels agraires de fertilité (très répandues).
2) LES SANCTUAIRES
Le sanctuaire celte est avant tout un « espace sacré », coupé du reste du monde et composé le plus souvent de simples lieux naturels comme les grottes, les montagnes, les clairières, les forêts, les confluents de rivières, etc. Ces lieux sacrés servent en quelque sorte de « réceptacle » où l’on entrepose avec grand soin et minutie, des centaines d’offrandes de nature très diverse. On pouvait retrouver dans ces lieux sacrés, des statuettes de bois (ex-voto), des bijoux, des pièces de monnaie, des armes en fer, des crânes d’animaux et d’humains. Bien sûr, la richesse des offrandes est en fonction de l’importance du site et de la divinité honorée. Mais quelquefois, les sanctuaires celtes comprennent aussi de grands enclos ou de petits « temples » en bois que les archéologues ont regroupés en quatre catégories. Souvent rectangulaires ou carrés mais parfois ovale, ces aménagements sont reconnus pour leur simplicité architecturale.
Soulignons au passage, toute l’importance accordée par ce peuple aux cours d’eau, en particulier pour les étangs. En effet, la couleur sombre et l’insondable profondeur de l’eau a conféré aux sources, aux étangs et aux lacs, un caractère sacré hors du commun. La source était considérée par les Celtes comme une ouverture sur le monde souterrain, demeure de plusieurs divinités. Selon leurs croyances, les étangs étaient de véritables lieux de cultes publics, sortes de sanctuaires naturels sans enclos ni protection.
3) LES SACRIFICES
Chez les Celtes, le sacrifice est l’élément principal de la pratique religieuse et varie en fonction de l’animal, de la saison et de la divinité honorée. Les rites sont complexes et s’accomplissent selon trois modes bien précis. 1) Les SACRIFICES NON-SANGLANT: pendaison, immersion, inhumation (réservées à la classe sacerdotale); Les SACRIFICES SANGLANTS: immolation, crémation (réservées à la classe guerrière) et 3) L’OBLATION VEGETALE ou la LIBATION: offrande de lait, d’eau ou de boisson fermentée (réservée à la classe productrice et artisanale).
En plus de croire en l’immortalité de l’âme, les celtes estimaient que le cours de la vie était réglé par des lois précises qu’il fallait respecter pour trouver sa place dans l’Éden des Dieux et des ancêtres. De même, chaque événements importants de la vie réclamait l’aide des Dieux, c’est pourquoi les grandes décisions comme les voyages, les procès, les départs pour la guerre, les migrations, les travaux agricoles réclamaient leur accord aux moyens d’OFFRANDES.
Selon toute vraisemblance, c’est le boeuf (ou le taureau) qui est le plus fréquemment sacrifié. Ce dernier animal est abattu à coups de hache sur la tête ou sur le front. La dépouille complète est déposée dans la grande fosse du temple et y reste jusqu’à ce que les os se détachent. Le crâne est ensuite exposé avec les offrandes guerrières tandis que la carcasse est jetée dans la fosse. Le cheval sert également aux sacrifices alors que le mouton et le porc sont réservés le plus souvent à la consommation durant les festins rituels.
Les sacrifices humains semblent avoir été monnaie courante chez les Celtes puisque dans certaines régions, on a retrouvé de grands ossuaires de ce type. Les archéologues ont mis à jour à Ribemont-sur-Ancre par exemple, un des plus importants sanctuaires ruraux de Gaule, empilés dans un sinistre monument cubique de 1.60 mètre de côté qui servait de piliers aux quatre coins internes d’un enclos, des ossements d’un millier d’individus âgés de 15 à 20 ans.
Entre chacune de ces colonnes d’ossements humains, on a même retrouvé des cadavres découpés dont les crânes ont été détachés. Selon certains chercheurs, cette concentration d’ossements humains aurait eu pour les Celtes, le double rôle de concentration de pouvoirs et de protection contre les dangers surnaturels.
De façon évidente, la tête humaine occupe une place de choix dans l’art et la religion celtique. Celle-ci est représentée le plus souvent coupée, les yeux mi-clos et parfois sans bouche. Cette fascination pour la tête humaine viendrait assurément de la coutume des guerriers celtes de se livrer à la chasse aux crânes. Selon les témoignages, après la bataille, les guerriers celtes chassaient les têtes des ennemis tués durant le combat. Les crânes recueillis sont d’abord suspendus au cou de leurs chevaux et clouées par la suite aux portes de leurs maisons comme trophées.
Plus qu’une simple preuve de victoire et en accord avec la mythologie celtique, la cueillette des têtes des ennemis vaincus est une façon de contraindre le pouvoir divin qu’il renferme à agir en sa faveur. On dit également que les têtes des chefs illustres étaient conservés dans l’huile de cèdre et exhibées avec orgueil devant les étrangers.
4) LES DRUIDES
Dans cette société, divisée en trois groupes distincts (druides, guerriers et producteurs), les druides exerce un rôle prédominant sous bien des aspects, rôle qui a permis un meilleur équilibre entre les pouvoirs civils et militaires. En comparaison des Grecques et des Romains, cette classe dite « sacerdotale » est ici très hiérarchisée et structurée. Cette hiérarchisation est fondée avant tout sur un long apprentissage du SAVOIR (20 ans !) et non pas sur une autorité administrative, d’où l’origine du nom « dru-uid-es » qui veut dire selon certains auteurs: « TRES SAVANT » ou « TRES SAGE ». La science du sacré, la recherche de la connaissance (théologie, astronomie, philosophie, etc.) et la sagesse sont chez les Druides, les principales composantes de ce SAVOIR. Cependant, malgré la présence de « spécialités » et de « grades », chaque membre de la classe sacerdotale se devait de connaître la base des autres disciplines.
La classe des Druides comprend les poètes, les bardes et les devins (vates). Dans la première catégorie, on retrouve les druides-théologiens responsables de la religion, de la justice, de l’enseignement et de la surveillance du pouvoir politique. La seconde catégorie sacerdotale comprend les druides-bardes et les druides-poètes. Leurs deux domaines de prédilection sont la poésie et la littérature (récits épiques, généalogie, histoire, etc.). La troisième catégorie est celle des druides-devins qui a pour attribution principale les applications pratiques de la religion dans deux secteurs particuliers: soit « l’art divinatoire » et la « médecine » (sanglante, végétale et magique).
Tous les échelons sont ainsi possibles entre l’apprenti (fochlocon) qui sait réciter sept histoires et qui doit se contenter des moins bons morceaux dans les festins et celle du docteur (ollam) qui sait trois cent cinquante grandes histoires et cent cinquante petites et qui a droit à une escorte de vingt-quatre personnes lors de ses déplacements.
En plus de son « sacerdoce » où il est considéré comme le gardien du sacré et de la mythologie, le druide a de nombreuse responsabilités dont l’influence sur la politique et l’administration est très marquée (cette influence était surtout indirecte mais elle était bien présente). Soulignons que durant les rites sacrificiels, le druide-théologien est le lien privilégié entre le monde du visible et celui de l’invisible. Toutefois, sa fonction se résumait le plus souvent à un rôle de supervision alors qu’un assistant, sorte de prêtre « inférieur » ou de « préposé » au culte, s’occupait du sacrifice proprement dit.
En tant que plus haut personnage du peuple celte, à l’égal du roi, le druide vivait retiré car il devait protéger la pureté de sa personne, c’est pourquoi il évitait les combats, les champs de batailles et les activités publiques autres que celles à caractère religieux. De plus, seuls les hauts personnages de la communauté, (ceux admis durant les sacrifices) et ses élèves (les apprentis) avaient le droit de l’approcher.
Chez les Celtes, en somme, le druide est beaucoup plus qu’un simple prêtre car la religion commande tout. En fait, tout dans la société est basé sur le SACRE, il est l’élément déterminant de l’organisation sociale. Dans ce contexte, on reconnaît au druide une autorité et un prestige sans borne liés à son grand savoir. A sa fonction est aussi rattaché toutes sortes de privilèges comme l’exemption d’impôt et de service militaire (mais il ne lui est pas interdit de combattre si il le désire ou le besoin se fait sentir).
MAGIE, ECRITURE ET SATIRE
L’écriture était connue des druides mais celle-ci n’était pas employée pour la conservation du savoir car cette civilisation était essentiellement de tradition orale. En ce sens, l’écriture ne servait qu’à des fins magiques. Selon leurs croyances, le fait de fixer dans la matière (bois, pierre ou métal) une malédiction ou une incantation, celle-ci devenait efficace aussi longtemps que subsistait le support sur lequel elle était gravée.
Soulignons également l’importance accordée à la SATIRE dans la société celte. Composée de noms de personnages craints et redoutés, la satire était prononcée par le poète, le druide ou le devin dans une posture appelée « maléfique »: soit « sur un pied, avec un oeil et avec une main ». Celle-ci frappe indifféremment un guerrier, un roi ou un individu quelconque qui refuse de se plier à la volonté de l’incantateur.
Comparable à une malédiction, l’incantateur en appel au mauvais sort, au hasard et aux éléments naturels contre sa victime. C’est alors que survient pour elle la déchéance physique (boutons, ulcères, etc.), que survient la honte et que les hommes de son clan l’abandonnent, obligeant la victime à attendre une mort rapide dans le déshonneur.
QUELQUES DIVINITES IMPORTANTES
Mis à part un certain nombre de divinités très anciennes de l’époque Néolithique comme le Soleil et la déesse-mère, la plupart des divinités de la nature étaient mal individualisées ou personnifiées. Ce n’est que très tardivement dans l’histoire du peuple celte, à partir des mythes transmis oralement, que l’on a commencé à donner aux Dieux une apparence physique et à leur donner des attributs reconnaissables. De manière générale, on parlait plutôt des divinités des sources, des déesses des rivières, etc.
NOM: LUG surnom: Samildanach
ATTRIBUTS: Armé d’un javelot et de la fronde
FONCTION: Dieu de tous les arts, « polytechnicien »
NOM: DAGDA, le dieu-bon, surnom: Ollathair
ATTRIBUTS: Énorme massue, coupe ou chaudron inépuisable
FONCTION: Maître de l’abondance, le père de tous, sacerdoce
NOM: OGME-NUADA
ATTRIBUTS: Glaive (distributeur de royauté)
FONCTION: Symbolise la force physique, guerre, magie, royauté.
NOM: DIANCECHT
FONCTION: Le dieu médecin, symbolise la santé, jeunesse.
NOM: GOIBNIU
FONCTION: Le forgeron divin
NOM: BRIGIT-TAILTIU-ETAIN-BOAND
FONCTION: Mère, soeur, épouse, fille des dieux
NOTE: tous les dieux ont aussi un manteau comme attribut car il est le symbole de l’invisibilité.